CET ENDROIT EST FAIT DE LA PLUS ANCIENNE MAGIE.
C'EST COMME SI LES MONTAGNES AVAIENT TOUTE LA GLOIRE. CEUX QUI JETTENT UN COUP D'ŒIL À L'OCÉAN CONFIRMENT QU'IL EST TRANQUILLE OU TEMPÊTE, CLAIR OU TROUBLE - COMME TOUJOURS, EN REGARDANT LA PEAU.
Sur une route très fréquentée vers un endroit très célèbre, on se gare sur un petit carré de gravier à côté du goudron et on se change. Ce n'est pas de l'eau bleue. C'est le pays des combinaisons chaudes et des gants. On s'habille, on ajoute un peu de poids supplémentaire pour les combinaisons épaisses et l'eau peu profonde, on glisse et on dévale la pente jusqu'au rivage rocheux. Masque, tuba, palmes en main, on jauge la houle et on saute ! Pas le temps de s'asseoir sur un rocher comme Lorelei et de glisser sur sa queue, non. Ici, il s'agit de chronométrer les vagues et la montée, d'entrer sans rien casser (palmes, appareil photo, soi-même). Cet endroit ne s'appelle pas le Cap des Tempêtes sans raison.
L'eau froide fait monter ton rythme cardiaque pendant quelques respirations, ralentis, ralentis, ralentis... des expirations plus longues, le cœur revient à la normale. Je cligne des yeux pour habituer mes yeux à la lumière sombre et tachetée sous moi. Une profonde inspiration, quelques coups de pied vers le bas et la lumière devient dorée alors qu'elle filtre à travers les frondes de varech en quête de soleil à la surface, je descends le long des troncs épais et trouve ma place. Des oursins roses et violets vifs sourient depuis les rochers sous moi, comme des fleurs printanières sous une chênaie sur terre. Des brèmes bronze voltigent dans et hors de ma vue, les flancs argentés scintillant alors qu'ils essaient de comprendre si je suis ami ou ennemi. Ami, ami, ami, je pense à eux.
Ici, les jours où l'eau est claire ne sont pas bleus mais cristallins, une eau transparente qui suspend la vie. Remonter à la surface pour respirer, des coups de pied lents vers le bas, un autre plongeon. Je sais qu'ils sont là. C'est leur maison que nous aimons visiter. De haut en bas, je me déplace dans la lumière dorée en cherchant, jusqu'à ce que oui. Je me déplace sans me soucier du monde, me balançant au rythme purement aquatique ; le requin à sept branchies de trois mètres nage devant moi. Ses yeux ronds me suivent tandis que nous dérivons en silence. Une fois que vous en voyez un, vous les voyez tous, fantômes silencieux à travers la forêt. Cet endroit est fait de la magie la plus ancienne. Celle que vous trouvez dans la nature sauvage lorsque vous regardez plus profondément que la peau.
Écrit par Hanli Prinsloo